• Innovation / invention / découverte

    ENSCI, mastère Innovation by design. - depuis 2021
    Reprise du cours du philosophe Pierre-Damien Huyghe. Critique de l'inée d'innovation, soutenue par des travaux issus du champ du design et de l'architecture. Les séances alternent entre cours magistral et discussion.

  • Formes de pensées

    ENSCi, mastère Nature inspired design - depuis 2021
    Atelier d'accompagnement à l'écriture des mémoires. Étude collective de méthodes et manière d'écrire. Accompagnements individuels et direction de certains mémoires.

  • Design critique

    ECV Digital, M1 UX - depuis 2021
    Atelier de design critique d'interface de lecture et d'écriture.

  • Culture et théorie du design

    ECV Digital, Bachelord UI - depuis 2023
    Une séance : un texte, une production, une discussion collective.

  • Production de formes

    Paris 1 Sorbonne, M1 Design, arts, média - depuis 2021
    Atelier de production matérielle accompagné de discussions et lectures philosophiques. Examen sous la forme d'une exposition par groupe.

  • Extensions navigateur

    Université de Strabourg, M1 design - depuis 2022
    Atelier de design dont la consigne est de maquetter une extension de navigateur. Apprentissage de la logique de l'extension.

  • enseignements

  • De la distraction à l'ère numérique, radio France culture

    L'émission - 2022
    En deuxième partie de l'émission consacrée au livre Numérique. La tentation du service du philosophe Pierre-Damien Huyghe, discussion au sujet du numérique animée par Sylvain Bourmeau avec Pierre-Damien Huyghe et Anthony Ferretti (co-fondateur de Praticable).

  • Parler la technique, groupe Tangible Cloud

    Lire : en français, en anglais - 2022
    Entretien au sujet du numérique, de son organisation et de sa sémantique avec le groupe de réflexion Tangible Cloud.

  • Innover ou réparer ?, podcast "2031"

    Le podcast - 2023
    Discussion au sujet de l'innovation avec Pascale Guiffant (Openland) et Jean Chabod (animateur). Podcast produit par La Cantine et Stereolux.

  • Design en jeu, magazine Intramuros

    L'article en ligne - 2023
    Également dans le n° 216 de la revue papier.
    Interview pour le magazine Intramuros, avec Thomas Thibault (Praticable) par Maëlle Campagnoli.

  • discussion média

  • Simulation, bug et authenticité [32 Ko]

    test

  • Allures anonymes [28 Ko]

    Texte d'accueil de l'exposition Allures anonymes (février - mars 2022 à la Ferme de la Chapelle de Lancy, Genève) présentant un travail photographique de Nicolas Delaroche concernant les collections privées d'art.

  • Designers partout, design où ça ? [37 Ko]

    Publié le 29 janvier 2020 sur la plateforme Medium.

  • Rendre présent.

    Qu'est-ce que (se) présenter ?

  • Qu'est-ce qu'une marque ?

    Autres que la neige sont les êtres qui la marquent de leurs mouvements.

  • Participer de la vie

    Le même mot, « design », sort d’une multitude de bouches et l’on pourrait penser que toutes parlent à l’unisson. Elles parlent du design comme s’il était un. Qu’en est-il ?

  • Faire l'annonce du nouveau.

    Qu’on pense à l’arrivée d’un nouveau en cours d’année dans une classe d’étudiants. Le nouveau n’est a priori ni bon ni mauvais, mais sûrement un peu en décalage par rapport à l’ambiance de la classe. Dans ce cas, différents traitement du nouveau sont possibles.

  • textes

En lisant…

mettre fin à cette lutte fastidieuse pour faire des choses ce qu’elles ne sont pas et ne pourront jamais être
Frank Lloyd Wright, "L'architecture moderne"

L’époque simule.

Au départ de toute entreprise de simulation loge le fantasme de maintenir artificiellement un état superficiel du monde, au moyen d’une technique étrangère à cet état. La mise en œuvre de ce fantasme est le plus souvent grossière. La nature de la technique employée, quelle que soit la violence avec laquelle on la brutalise, résiste et se découvre intimement dans sa résistance. La simulation « bug ». Cela vaut aussi bien en-dehors du champ informatique. Un éclat sur un matériaux habillé de peinture décorative imitant le marbre ou le bois est une sorte de bug, de défaillance de la simulation qui révèle que ce prétendu marbre ou bois n’en est pas un.

De façon analogue, certaines combinaisons de circonstances permettent aux joueurs de « jeux-vidéos » de traverser des murs et d’avérer que ces murs n’en sont pas. Dans ces sortes de bugs, les natures des matériaux triomphent des détournements auxquels on s’efforce de les soumettre. De là le caractère foncièrement authentique des bugs comme irruptions, manifestations intempestives de la matière indisciplinée dans l’œuvre. Ce sont de telles irruptions que l’on rencontre dans certains films dits d’avant-garde, d’allure « buggés ». Là, les réalisations accueillent divers « bugs » – tel cas de divorce son-image, telle coupe soudaine, telle « téléportation visuelle » – par lesquels s’exprime la vitalité de la matière cinématographique, fut-ce au détriment d’une narration qui s’efforce de la tenir au secret. De cet accueil résulte un brouillage de la trame, voisin de ces sortes de sursauts de matière numérique qu’on appelle « glitch » dans le champ des productions audio-visuelles informatiques. Matériellement, les bugs sont des moments de vérité. Moments de vérité matérielle aperçus au travers de fissures dans l’enveloppe de la simulation.

« Êtes-vous le moins du monde sensible à ce qu’il peut y avoir de vérité dans les “choses” en matière de beauté. »

Qu’on ne s’y trompe pas, l’indignation de Frank Lloyd Wright contre de telles entreprises – qu’il appelle décoratives, renaissantes, nostalgiques, inorganiques… – même lorsque son argumentation est économique, demeure, à sa source, d’essence spirituelle et morale. Elles bafouent la vérité due à l’âme humaine, oserait-on dire inspiré Simone Weil, autre esprit spirituel habité par « l’horreur du mensonge ». Mais ce profond problème se déploie et s’aggrave aussitôt en pauvreté esthétique et en aberrations économiques. Esthétiquement, le règne de la simulation nous prive des aspects originaux que prendrait sinon naturellement la matière singulière du monde actuel. Autrement dit, la simulation est solidaire d’une dissimulation dont elle est la face visible. En rendant visible du ressemblant, elle nous retire la saveur de l’original. Économiquement, elle est du reste à l’évidence une affaire insensée. Il ne coûte rien de laisser le bois être le bois, avec sa beauté de dessin, sa subtilité de texture, sa délicatesse de nuances (p.97). Il coûte en revanche de « le mettre en forme de fleur ». Dans le champ numérique, il coûte très peu de « téléporter » une forme. Il coûte en revanche bien davantage – tant aux humains, qu’aux machines, qu’au reste du monde – de simuler informatiquement un déplacement physique. Le numérique étant de nature discrète, fragmentée et pour ainsi dire grammaticale, il faut à l’ordinateur successivement produire et aussitôt supprimer toutes les stations intermédiaires, à vitesse suffisante pour produire une illusion cinématographique de mouvement continue. À la plus grande échelle, ce parti-pris « d’animer », dit-on, les interfaces graphiques numériques, c’est-à-dire de simuler du mouvement et des transitions physiques d’état, coûte une énergie colossale dont le sentiment fait globalement défaut mais serait sans doute insupportable à quiconque. Des points de vue spirituel, moral, esthétique et économique, comment ne pas aspirer à un travail plus moderne de ces techniques, c’est-à-dire visant à en développer le caractère particulier plutôt qu’à les forcer à des simulations compliquées, ruineuses et d’apparence déjà connues ? Que perdrions-nous à ne pas faire ce travail ? Peut-être un peu de stabilité, d’abord. Mais pas pour longtemps.